CR de séance de PNL 6/6: destructeur de décision.

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corfinas

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Hello,

Voici le sixième et dernier extrait de mon mémoire de maitre praticien en PNL. C'est un compte-rendu de séance que j'ai menée. C'est une séance de PNL "classique", le cas traité était à mon avis plus proche du développement personnel que de la thérapie étant donné que le thème général était "la PNL au service de l'expression scénique" mais les techniques sont transposables.
Bonne lecture.

Sylvie a 41ans, elle pratique le théâtre amateur depuis son adolescence. Elle a du plaisir à être sur scène mais elle n’arrive pas à se « lâcher ». Elle a l’impression de manquer de charisme. Elle ne se sent pas à sa place sur scène, comme si elle jouait « à » l’acteur, pas dedans, dissociée. Elle a envie « d’être » ce qu’elle joue.

Tout de suite, deux souvenirs reviennent :
Un souvenir de l’adolescence où elle avait joué un petit rôle d’animal et avait vu les félicitations se diriger plutôt vers une de ses camarades qui, elle, avait joué un grand et prenant monologue dramatique.
Un autre souvenir où étudiante, elle avait joué un rôle très prenant, un monologue très émouvant, elle avait donné beaucoup. Et en sortant de scène avec cette impression d’avoir sorti ses tripes, elle avait entendu le commentaire d’un de ses amis proche, Paul, qui lui avait dit que ce n’était pas sa place et qu’elle ferait mieux d’arrêter le théâtre.

Après, Sylvie a arrêté le théâtre, pendant quelques temps, et a repris mais toujours avec ce doute sur son talent. Aujourd’hui elle évite de jouer devant des proches et à part les retours positifs de son prof, du genre : « C'est bien ce que tu fais», elle n’a pas vraiment de retour qui compte pour elle. Ce qui fait qu'aujourd'hui elle est partagée entre son plaisir de jouer et le manque de vision claire sur son talent. Cependant au fond d'elle, elle sent qu'elle a quelque chose à faire là.

Ainsi, l'objectif est d'être plus dedans, d'oser être le personnage. Si l'objectif était atteint, ce serait comme atteindre le sommet d'une montagne, sentir ses efforts récompensés, pouvoir se dire : « T'as bien fait de croire en toi ». Quand elle imagine cela : « C'est très lumineux, ça me chauffe de l'intérieur, c'est un aboutissement, une grande satisfaction de réussite. »

Les critères pour savoir que l'objectif est atteint seraient des retours des autres, des proches qui lui diraient : « Wahou, t'as super bien joué ! »

A priori, il n'y aurait pas d'inconvénient à atteindre cet objectif. Les difficultés seraient plus sur le chemin pour se dévoiler, prendre le risque. D'autant plus que Sylvie voit un avantage à ne pas essayer, c'est de laisser le rêve d'enfant exister, elle peut se dire : « C'est toujours possible que je sois une excellente actrice. » Tant qu'elle n'essaye pas, elle évite le risque potentiel de revivre la déception qu'elle avait eu quand elle était étudiante avec le commentaire de son ami Paul.
Quand je lui demande si cette expérience a pu couper un accès à quelque chose, elle me répond qu'effectivement, c'est possible qu'elle ait pris comme une décision, du genre : « Puisque c'est ça, je ne me donne plus jamais. » Elle ajoute que c'est vraiment un souvenir marquant, un échec cuisant : « C'est très présent. » Pour vérifier, je lui demande ce qu'elle pense de l'autre souvenir, celui adolescent. Elle me précise que celui là, c'est plus le rêve justement, ça serait plus l'objectif qu'un obstacle.

On revient sur les critères de l'objectif, notamment sur le fait qu'il faille un retour positif de proches pour valider l'atteinte de l'objectif. Quand je lui dis que « ça complique » l'atteinte de l'objectif car il ne dépend plus seulement d'elle, Sylvie a une réaction partagée: d'un coté elle est d'accord et en même temps elle est profondément persuadée qu'à partir du moment où l’on est à sa juste place les gens ne peuvent qu’être positivement impressionnés. Je lui demande donc si c'est une croyance pour elle qu'une bonne actrice n’a forcement que des bonnes critiques. Elle réfléchit et me dit que c'est ce qu'elle croyait effectivement mais qu'en y réfléchissant bien c'est plus ce que elle, elle aurait envie, elle aurait envie de bon retour, de reconnaissance. On avance alors sur la conception de l'acteur, le bon acteur est, selon elle celui qui provoque des émotions. En précisant quelles émotions, on met à jour, qu'un acteur peut aussi provoquer des réactions « désagréables » chez les gens et que c'est ça le plus important : de déclencher des émotions chez le spectateur, presque quelle que soit cette réaction. Maintenant c'est plus clair, l'important est de « toucher », de provoquer une émotion. Avoir des retours positifs suite à cette émotion provoquée est un plus, mais n'est pas forcement lié.

Après ce travail sur les croyances, et même s’il reste encore une part dont les autres sont responsables dans les critères de l’objectif, je choisis de faire un destructeur de décision sur le souvenir de quand elle était étudiante. Ce souvenir de sortie de scène où, après avoir eu l’impression de donner beaucoup, Paul, ami proche, lui avait conseillé d’arrêter le théâtre.

On place donc sur le sol de la pièce une ligne de temps, passé, présent, futur. A coté de la ligne de temps on place une position de recul, méta. A partir de la position méta, elle me re-raconte l'expérience négative mais en dissocié, en parlant de Sylvie à la troisième personne et en voyant l'action de loin, de l'extérieur.

Toujours en position méta, je lui demande de quelle ressource, de quel apprentissage préalable aurait eu besoin Sylvie pour traverser cette expérience. Elle me répond qu'il lui aurait fallu beaucoup de confiance en elle. Quand je lui demande si elle aurait cette confiance en elle dans d'autres domaines de sa vie, elle me répond facilement que dans le domaine professionnel, elle est régulièrement amenée à faire de l'animation de groupe et que ça se passe très bien, elle le fait avec une grande confiance en elle : « Si quelqu'un me dit que j'anime mal, je ne le croirais pas. » Elle a notamment le souvenir d’une fois où elle avait fait une animation devant un ami proche qui lui avait fait des compliments derrière.

Je lui demande maintenant de chercher une expérience de prise de décision, une bonne décision dans sa vie où, aujourd'hui encore, elle se félicite d'avoir pris cette décision. Elle réfléchit, hésite un peu et quand je lui conseille de choisir une décision impactante sur sa vie, elle choisit de prendre le souvenir d’une décision très importante qu’elle a pris dans sa vie affective. Elle se souvient très bien du soir où elle a pris cette décision. Je lui demande alors de me préciser la « forme » de ce souvenir, les submodalités : « C’est très cotonneux, très proche, je suis associée, pas de cadre, très atténué, fondu au niveau du contraste, aucun son à part une espèce de vide bruyant, un peu comme quand on se bouche les oreilles, une sensation dans le thorax et je suis plantée sur mes pieds. »

Maintenant on construit une « super » expérience ressource en prenant le contenu du l’expérience de confiance en elle avec les submodalités de l’expérience de prise de décision. Ainsi, je lui demande de reprendre le souvenir de l’animation de groupe et de le modifier pour qu’il soit cotonneux … le silence … associée, pas de cadre … la sensation au niveau du thorax … plantée sur les pieds.

Ensuite on va sur la ligne de temps pour placer cette « super » expérience ressource avant le souvenir étudiant. Ainsi, l’expérience de confiance, mêlée avec la prise de décision, fait presque comme si Sylvie avait décidée d’avoir confiance en elle. Riche de cette ressource, je l’invite à avancer jusqu’au moment où étudiante elle avait joué cette scène émouvante, ce monologue dramatique.

Sylvie traverse ce souvenir avec cette ressource, le souvenir s’éclaire, elle se voit inébranlable avec une bulle autour d’elle, ses épaules se redressent, elle se voit plus ouverte vers les autres, plus vers le public. Doucement on avance sur la ligne de temps. Elle sort de scène, détachée, elle voit Paul arriver, et entend « son » avis, dit-elle avec un ton de voix tombant, et « son » avis ne concerne que sa façon de jouer, pas elle. Elle et sa façon de jouer sont maintenant deux choses séparées. Elle ne se sent plus atteinte dans son identité. Sylvie se sent détachée, elle se dit qu’il n’y connaît rien, qu’il n’est pas acteur.

On continue à avancer sur la ligne de temps avec toujours la ressource. On traverse la suite des choses, elle retraverse des souvenirs de jeu théâtral avec le sentiment de ne pas être en danger, elle se sent plus libérée, elle s’accorde le droit à l’erreur, elle s’amuse. Comme je trouve son visage assez tendu, notamment les sourcils froncés, je lui demande de prendre le temps de ressentir la ressource, de voir comment ça se passe. Sylvie se sent à l’aise, confiante, elle ose plus, avec beaucoup de joie, d’enthousiasme. Calibrant encore les sourcils tendus, je l’interroge sur les possibles aspects « tendus » de la nouvelle situation, elle me répond qu’il y a le trac mais que c’est de la concentration, qu’elle est contente d’être là, pleine de plaisir de jouer. On avance encore sur la ligne de temps, vers le futur pour se projeter, elle pense à son prochain rôle : « Je pense que je vais pouvoir m’éclater ! » Elle rie, sort de la ligne : « Super ! » Et puis elle repense au souvenir en disant que maintenant, il a beaucoup moins d’importance : « Il a le droit d’avoir son avis » dit-elle avec le ton de voix qui tombe. « Maintenant ça va être intéressant de voir sur mon jeu … » conclue Sylvie avec un grand sourire. Fin de la séance.

a+

PS: deux mois après notre séance Sylvie m'a envoyé ce message: "Juste un petit retour sur notre séance, j’ai refais plusieurs cours de théâtre depuis et j’ai le sentiment d’être plus détachée, pas forcément meilleure, je me ballade avec ma bulle et plus occupée à prendre du plaisir et à m’amuser qu’à faire bien… Merci pour cet accompagnement."
 
Paul Elie

Paul Elie

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lacaune
superbe.... mais il faut intensifier vos résultats!
la cliente doit devenir une publiciste!
 
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