Où commence la projection?

  • Initiateur de la discussion laurenzo
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laurenzo

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Bonjour,

La projection est une notion à la mode sur ce forum, on l'évoque souvent mais finalement d'un point de vue théorique on ne l'a pas approfondie à ma connaissance.

Où commence la projection? Dès que j'émets un avis sur une autre personne, suis-je dans la projection? Est-il possible de ne pas projeter? En restant uniquement factuel, mais est-ce concevable?

La discussion ne se limite pas au cadre thérapeutique, elle peut avoir une ouverture sur des situations du quotidien, des exemples, des perspectives selon les écoles de pensée.

Merci d'avance à ceux qui participeront à cet échange
 
Kamou

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J'apporterais encore max Weber dans cette discussion.

D'après lui, la subjectivité du regard est a tous les niveaux.

Prenons une personne, que nous appellerons Emile Durkheim au hasard, qui se veut absolument objectif parce qu'il travail avec des statistiques.

Max lui répond que la manière dont il choisit ses statistiques, le sujet sur lequel il va se pencher, les interprétations qu'il va en faire, sont pleines de sa subjectivité.

Prenons un indien dans la ville version sociologue. Il fait une étude très poussée dans Paris. Il en résulte que les Parisiens passent 90% de leur temps de vie dans des cubes plus ou moins grand, pour finir finalement dans une boîte.
Ma foie, il a raison!!

Toutefois Max Weber postule que les agissements des êtres humains sont rationnels. Il faudrait donc, pour diminuer au plus la projection, la subjectivité, tout d'abord en prendre conscience, ensuite en avertir le lecteur, ensuite l'intégrer méthodiquement dans notre recherche (la tourner de manière utile!), et finalement, entrer assez dans la vie et l'existence des gens, jusqu'a trouver la rationalité qui se cache derrière un agissement qui nous semblait auparavant absurde.

Jusqu a trouver l'état des choses, logique.

Alors on est tjs dans la subjectivité d'une certaine manière, mais on s'est approché des raisons réelles qui motivent les gens, ce qui est d'après lui la finalité de la sociologie.

Durkheim, lui, répond que les statistiques sont la clef.
Que la rationalité des hommes dépend de phénomènes sociaux qui les dépassent.
Que ces phénomènes ne connaissent pas la rationalité, mais la créent, car la rationalité intérieure serait une chose qui dépend de la société et de ses "méta" entités.
Et que pour observer ces phénomènes objectivement, il faut observer leurs résultantes, donc les statistiques. Alors on touche aux vrais raisons qui motivent les gens.
Voir le suicide anomique comme très bon exemple.

C'est un peu la poule et l'oeuf en fait avec ces deux la :roll:
 
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laurenzo

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Merci pour ta réponse instructive Kamou (t'aurais pas fait socio toi? :wink: )

De ton intervention nait un nouveau questionnement qui viserait à distinguer projection et subjectivité.
Je vais essayer d'illustrer ça avec un petit exemple:

Je passe 1 journée dans une entreprise et vois un patron parler durement à ses employés, les soumettre à un fort stress. J'en déduis que ce patron est tyrannique et inhumain. Ca me semble subjectif comme point de vue mais suis-je dans la projection?

Si je prends une définition de la projection:
Il désigne l'opération mentale (généralement inconsciente) par laquelle une personne place sur quelqu'un d'autre ses propres sentiments, dans le but de se sortir d'une situation émotionnelle vécue comme intolérable par elle. La personne n'a généralement pas conscience d'appliquer ce mécanisme, justement car elle n'accepte pas les sentiments, ou sensations, qu'elle "projette" sur l'autre. Il s'agit donc généralement de sentiments négatifs, ou en tous cas, perçus comme tels.

Si je suis dans la projection alors je vois dans le comportement de ce patron un comportement que je n'ose pas voir chez moi. Pourtant j'ai pu avoir cette opinion du patron parce que mon père par exemple avait ce même type d'attitude avec moi. Suis-je encore dans la projection puisqu'ici je projetterais une opinion que j'ai de mon père sur ce patron et donc pas une caractéristique propre qui me serait intolérable?
 
Kamou

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Je fais l'amalgame projection subjectivité parce qu'au niveau socio, ca revient au même.

Mais je m'aperçois que du coup, je suis très subjectif dans mon approche de la projection, sans toutefois faire de projection d'après cette définition.

Encore une histoire de définition! Je fonce dans le mur a chaque fois ha ha toutes mes excuses

Mon message en devient très peu pertinent, mais au moins j aurais appris quelque chose!
 
surderien

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Une projection thérapeutique doit elle être forcément objective ( pour avoir un effet)

ou peut elle être subjective...tout en pouvant avoir encore plus d'effet ?

:shock:


cela expliquerait peut-être les discordances sur certains forum thérapeutiques ?

:roll:
 
valikor

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toute réalité humaine est forcément subjective, cependant, on peut arriver à travailler ds l'intersubjectif....
;)

et puis on peut projeter et être aussi ds le vrai.... ca aide? :?:
 
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laurenzo

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Et que pensez-vous de l'exemple du patron quelques messages plus haut? Le verriez-vous comme une projection?
 
valikor

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laurenzo à dit:
De ton intervention nait un nouveau questionnement qui viserait à distinguer projection et subjectivité.
Je vais essayer d'illustrer ça avec un petit exemple:

Je passe 1 journée dans une entreprise et vois un patron parler durement à ses employés,
durement est déjà une interprétation


une observation se serait davantage : "je vois un patron, dont le ton directif est ressenti difficilement par ses employés, (est-il stressé? est-ce son mode normal de communication?) et en conséquence de quoi, ils se stressent .
[/quote]

les soumettre à un fort stress. J'en déduis que ce patron est tyrannique et inhumain. Ca me semble subjectif comme point de vue mais suis-je dans la projection?

oui. car lui se sent humain. Il pourrait même penser/dire: "la boite va mal, ca me stresse, ils ne se rendent pas compte qu'ils faut faire beaucoup d'efforts sinon on va tous couler et je ne pourrais pas les sauver!!!!"

Si je prends une définition de la projection:
Il désigne l'opération mentale (généralement inconsciente) par laquelle une personne place sur quelqu'un d'autre ses propres sentiments, dans le but de se sortir d'une situation émotionnelle vécue comme intolérable par elle. La personne n'a généralement pas conscience d'appliquer ce mécanisme, justement car elle n'accepte pas les sentiments, ou sensations, qu'elle "projette" sur l'autre. Il s'agit donc généralement de sentiments négatifs, ou en tous cas, perçus comme tels.

Si je suis dans la projection alors je vois dans le comportement de ce patron un comportement que je n'ose pas voir chez moi. Pourtant j'ai pu avoir cette opinion du patron parce que mon père par exemple avait ce même type d'attitude avec moi. Suis-je encore dans la projection puisqu'ici je projetterais une opinion que j'ai de mon père sur ce patron et donc pas une caractéristique propre qui me serait intolérable?

oui. ton interprétation colle superficiellement à ton vécu mal digéré
et tu l'interprète de la même façon alors que les employés pourraient dire tout autre chose...
 
katia (zoulouk)

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Un autre exemple de projection ":
Albert est amoureux de Justine. Il croise Justine dans la rue, et celle ci lui fait un signe de la main sur l'autre côté de la route, avec un grand sourire, puis passe son chemin.

Albert plus tard raconte à un de ses amis, que Justine est amoureuse de lui, parce qu''elle lui a fait un grand sourire quand ils se sont croisés.

Albert projette ses sentiments amoureux sur la personne de Justine, dont il interprète le comportement. Il attribue ses propres sentiments à Justine, alors qu'en fait Justine a juste fait un sourire.

Pour l'exemple du patron, durement comme le dit Valikor est déjà un angle que tu prends.
Intrinsèquement durement c'est quoi ?

Qui stresse est encore dans le jugement...

Que fait concretement le patron,serait la question pour éviter la projection:
par exemple il passe dans les allées et fais des remarques aux employés quand ceux ci ont une cadence trop lente "du genre, qu'est ce que vous foutez, vous n'êtes pas là pour rêver !"

Taxer le patron d'inhumain et de tyrannique est un étiquetage. Un étiquetage fait d'après tes propres critères, de ce qu'est une personne inhumaine est tyrannique, qui peut varier de l'un à l'autre.

On en apprend donc généralement plus sur celui qui émet l'information que sur la situation elle même, surtout sur comment elle est vécue ou interprétée.

L'observation n'est jamais neutre, il y a toujours une part de soi dedans (qui peut être minimisée) rien que par le simple fait que notre attention va plutot retenir certaines choses que d'autres.

Autre question: pourquoi la projection ne se ferait que sur des choses négatives ? Dans le positif, ça fonctionne aussi.
Et comme le dit Surderien une projection peut être thérapeutique, ou dans un contexte simplement social, donner du baume au coeur.
 
L

laurenzo

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Merci pour vos réponses pertinentes. Effectivement la personne qui voit dans l'autre (à tort ou à raison) un comportement agressif ou tyrannique est déjà dans l'interprétation et fait part de sa carte du monde en voyant de l'agressivité dans un comportement que d'autres pourraient voir comme simplement motivant par exemple.

Ce qui me paraît plus ambigu et discutable c'est sur la notion même de projection. Dans cet exemple, j'interprèterais le comportement du patron selon ma carte du monde et selon mon passé mais la projection ne va-t-elle pas plus loin en impliquant un transfert de ses propres comportements sur autrui? Typiquement la personne qui déteste payer un verre à ses amis et qui va reprocher à tout le monde d'être radin. Dans l'exemple, je ne projetterais pas mes propres comportements mais simplement ma lecture de ces comportements, est-on encore dans la projection?
 
katia (zoulouk)

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Pour l'exemple de l'amoureux, il transfere ses propres comportements à l'autre. C'est parce qu'il est radin, enfin plutôt amoureux, qu'il va penser que l'autre l'est.

Pour une personne "radine", elle va être à même de remarquer plus finement toutes les autres personnes "radines", va en être entourée etc... , et donc va en parler...
 
valikor

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laurenzo à dit:
Ce qui me paraît plus ambigu et discutable c'est sur la notion même de projection. Dans cet exemple, j'interprèterais le comportement du patron selon ma carte du monde et selon mon passé mais la projection ne va-t-elle pas plus loin en impliquant un transfert de ses propres comportements sur autrui? Typiquement la personne qui déteste payer un verre à ses amis et qui va reprocher à tout le monde d'être radin. Dans l'exemple, je ne projetterais pas mes propres comportements mais simplement ma lecture de ces comportements, est-on encore dans la projection?

tout à fait c'est pour cela que je n'utilise jamais ce genre de terme...et que je reste le plus possible ds l'observation.
 
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laurenzo

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katia (zoulouk) à dit:
Pour l'exemple de l'amoureux, il transfere ses propres comportements à l'autre. C'est parce qu'il est radin, enfin plutôt amoureux, qu'il va penser que l'autre l'est.

Pour une personne "radine", elle va être à même de remarquer plus finement toutes les autres personnes "radines", va en être entourée etc... , et donc va en parler...

Oui là-dessus on est ok Katia, c'est lorsque l'on transfère non pas sa propre attitude sur une autre personne mais simplement la lecture d'une attitude (exemple: je ne suis pas radin mais le comportement de Luc m'évoque le comportement radin de mon oncle) que je m'interroge sur la possibilité d'y voir une projection. Dans cet exemple je colle ma subjectivité sur Luc mais pas un comportement qui est mien, ça me semble sortir de la définition de la projection.
 
katia (zoulouk)

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Ca se traduirait un peu dans les propos il est comme mon père, mon frère, ma soeur....

Ca reste un peu la même chose... dans le sens où on interprète un comportement et simplement ensuite on le rapproche d'une figure dont on a la référence.

Cela me fait penser un peu à certaines figures qui nous servent de référence, des figures à partir desquelles, on effectue des comparaisons.
 
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