Réflexions sur la Souffrance (réédition)

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Lemaléduqué

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Où la Souffrance me défie !
Je me permets :oops: ...
« Dépressif », « agoraphobe », « phobique social », « cyclothymique », « hypocondriaque », « paranoïaque », « alcoolique », « pervers », etc. Certains étiquettent les patients comme les éleveurs étiquettent les animaux. Et pourtant… Bien que chaque individu soit unique, les conflits psychiques de base qui l’ébranlent sont toujours les mêmes… et les différences dans l’histoire individuelle n’apportent que des différences de détails. Dit autrement, la souffrance d’un individu « tip-tagué » agoraphobe est de même nature que la souffrance d’un individu « tip-tagué » alcoolique. Tous deux souffrent parce qu’ils ont catastrophiquement manqué de contact… et donc d’Amour avec un gigantesque A.
Négligé, délaissé, ignoré, offensé, outragé, rabaissé, maté, soumis, humilié, tyrannisé, violé (psychiquement et/ou physiquement), bref nécrosé par des éducateurs déséquilibrés (au sens physiologique du terme) au service d’un certain ordre social, le très jeune animal humain pourtant plein d’énergie finit par s’éteindre émotionnellement … Le « civilisé » est (mort-)né ! Par effroi de la solitude, le délicat survenant accepte le chantage d’abord de ses parents ensuite du milieu. Il se résigne à ne pas satisfaire ses besoins -pourtant nombreux et vitaux- et accepte ainsi bon gré mal gré d’ensevelir son Moi Profond. En réagissant de la sorte au nom de la Culture, il renonce irrémédiablement à être soi-même. Un sacrifice qui le poursuivra toute sa vie durant. Le mal-à-être (soi)… voilà donc l’origine de la profonde souffrance de l’animal humain. Parce que l’enfant n’est pas accepté pour ce qu’il est, parce qu’il est contraint sous la force psychologique et physique du tout-puissant adulte à pervertir sa vie instinctuelle, il se résigne et devient allergique à soi-même. Eh oui, se conformer douloureusement et péniblement (pour survivre) aux exigences, aux appétits dérangés et insensés des vaniteux éducateurs fait de l’être en construction un être insignifiant ! La Souffrance n’est finalement que du mal-aise… mal-aise de n’être pas soi-même. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’évolution ultérieure : en devenant un autre, « l’étranger » perd contact non seulement avec son univers intérieur, mais aussi contact avec le monde environnant. Et l’errance débute… Manque terrible de confiance en soi, timidité, peurs irrationnelles… et j’en passe et des pires.
La thérapie est-elle en mesure de venir en aide à cet être accidenté et déchiqueté ? Peut-être… si l’on en croit le grandissime Otto Gross. Peut-être… à condition que la thérapie se donne pour tâche cruciale de soulager les conflits psychiques refoulés… dont la source essentielle est l’antagonisme entre le propre (développement individuel) et l’étranger (suggestions éducatives autoritaires). Une thérapie consciencieuse conduit inéluctablement à l’atténuation des effets dévastateurs de l’éducation, à la remise en route des mécanismes d’auto-régulation (= permettant la satisfaction ici et maintenant des besoins, désirs et aspirations instinctuels primaires, naturels) et à la consolidation des valeurs individuelles. Il est temps à la thérapie de devenir humble et d’avouer enfin qu’elle ne peut pas guérir la Souffrance mais simplement l’adoucir… et ce, en libérant avec précaution la personne des effets de la suggestion autoritaire, de la séduction et de la contrainte. Faire ce travail titanesque, c’est déjà offrir à la personne concernée une chance de revisiter son passé pour mieux le remodeler. Certains disent que le passé est dépassé et qu’il faut vivre pleinement son présent pour forger son futur. A ceux-là, je dis charlatanisme ! Car -et il ne faut pas se la cacher- on agit toujours dans le présent en réagissant au passé. Nier le passé ou le fuir (dans l’hyperactivité -maladie de notre civilisation) ne permettra jamais de retrouver la Sérénité. La Souffrance insoutenable refera, à un moment ou à un autre, surface. Pas de bleus à l’âme seulement d’abjectes échardes culturelles incrustées dans la chair tendre et inoffensive. « L’âge adulte, c’est de l’enfance pourrie », crie Jean Cau. Est-il nécessaire d’ajouter un commentaire à cela ?
L’hypnose, entre autres, peut se rendre utile… en servant à conscientiser l’inconscient. En permettant une prise de conscience des motivations conflictuelles refoulées, l’hypnose peut donner l’occasion à chaque être humain de se corriger soi même… Corriger sa biographie pour redevenir ce qu’il aurait dû être et non pas ce qu’ils ont fait de lui. Ressentir et intégrer pleinement les traumatismes graves qui ont marqué notre jeune vie est le seul moyen de redevenir un humain vivant. Permettre au passé de refaire surface dans le présent est l’unique chemin vers un mieux-aller… et cela ne peut se faire bien évidemment qu’en cessant de respecter une prétendue écologie. Il n’y a pas eu pires souffrances que les intrusions coercitives de l’éducation, alors…
 
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Psyaide

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Bonsoir,
A la lecture de votre post il apparait très clairement que votre vision de la souffrance psychologique est fortement influencée par le prisme déformant d'une certaine méconnaissance du sujet.
je ne partage pas cette conception qui vise à réduire la souffrance psychologique au simple manque d'amour ou de contact.
Je ne partage pas non plus votre point de vue sur les personnes qui, souffrantes, sont pour le coup étiquetées par vous meme comme tous déchiquetées. Je ne partage pas non plus votre position sur les éducateurs qui seraient tous désequilibrés, au sens ou vous l'entendez !!!

je vous cite: Car -et il ne faut pas se la cacher- on agit toujours dans le présent en réagissant au passé."

Là, je pense que vous n'avez pas totalement appréhendé l'hypnose Ericksonienne et la PNL dans ce que ces thérapies apportent, car fort de notre passée, notre présent conscientisé se détache justement de ce passée. Le passée , nous l'avons déja vécu, à quoi bon y retourner, pourquoi tenter de comprendre une phobie dans notre passée alors que ce n'est que l'acte simple d'un apprentissage pour notre cerveau. Il apprend la peur et l'intègre simplement !!! J'ai eu pour ma part à accompagner des personnes phobiques, que croyez vous qu'elles fassent devant l'objet !!!! elles ont peur point !! maintenant, changez l'objet par un autre et la peur s'estompe, pourtant un objet reste un objet !! mais c'est ce qu'il convoque en chacun de nous qui en fait un objet phobique, changez les sensations éprouvées de par cet objet et c'est gagné, vous n'etes plus phobique !!!
C'est cela la thérapie dynamique !!!
Notre cerveau n'est pas une machine lourde et gluante ne servant qu'à reproduire ce pour quoi nous sommes conçus.

Notre inconscient est au contraire une veritable bibliothèque de nos savoirs, une machine à apprendre, changez un élément dans le présent et votre inconscient recalcule toute la perception que vous aviez de votre passée. Ce qui me fait dire avec beaucoup de guillemets que changer le présent agit sur le passée !!!

Cependant je comprends certains pans de votre révolte, mais je trouve dommage que vous "abimiez" par des propos maladroits, tout le boulot qui est fait au quotidien notamment par ces memes éducateurs dans l'aide à la souffrance psychologique.

Bien cordialement
Serge
http://www.psychologie-sociale.org/foru ... php?t=1856
 
Lemaléduqué

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Où la Souffrance me défie !
Vous ne partagez pas ma « Weltanschauung » et vous en avez le droit absolu. Mais ne venez pas me dire que ma « vision de la souffrance psychologique est fortement influencée par le prisme déformant d'une certaine méconnaissance du sujet. » Mes réflexions sur la Souffrance ne sont hélas pas nées ex-nihilo. Oh que non ! Vous maîtrisez apparemment bien une certaine souffrance théorique… et une certaine souffrance de cabinet. Très bien. Mais la Souffrance dépasse largement ses frontières bricolées. Je n’ai pas l’intention de vous donner des leçons sur la Vie (et ses souffrances) mais croyez-moi -ou pas d’ailleurs…peu importe-, j’ai longuement côtoyé la souffrance dans tous ses états… de France et de Navarre. Aussi, je persiste et signe : les conflits intérieurs continuels (= qui occasionnent la Souffrance) causés à l’animal humain, et qui finissent par le ronger et l’anéantir, ont leur source non pas dans la nature de l’homme/femme lui/elle-même, mais dans la structure sociale "surrépressive". En d’autres termes, cela signifie que la dérégulation et la perturbation de la personnalité naturelle ont été provoquées à un moment socio-historique donné et par un type d’ordre socio-culturel donné via des éducateurs mal en point. Et la longue série de déformations pédagogique, sociale, économique, politique et idéologique va finalement avoir raison de la structure psychique épanouie de l’animal homme/femme primitif. Résultat, et pour parler comme Reich, pour survivre à sa malvivance, l’être humain sain se raidit aussi bien dans ses muscles que dans son caractère. Lui succède alors un humain-robot haineux : homo normalis, l’homme unidimensionnel, l’homme cuirassé. Ce cuirassement chronique est un handicap. Seul, inquiet et désorienté, l’animal humain, jusqu’alors épanoui, devient un traumatisé de vie. Tout bon psychothérapeute a pour devoir de s’intéresser à l’histoire de l’hominisation… au risque d’être incapable de donner à la personne en demande d’aide les outils nécessaires et utiles à son soulagement profond -c’est-à-dire durable-. Je rappelle qu’une thérapie n’a pas pour vocation de guérir (à moins d’être une thérapie fort prétentieuse) mais de donner à la personne en Souffrance les moyens de s’orienter sur le chemin de son Moi Réel. Ce n’est pas par hasard que Wilhelm Reich écrit : « Personne ne veut avouer avoir raté ses chances de bonheur dans la vie et reconnaître que son avenir est derrière lui. » Que cela vous plaise ou non, le manque d’Amour (au sens très large du terme et non pas au sens très restrictif où vous l’entendez)) est le facteur qu’on retrouve au centre de toutes souffrances. Et pour retrouver la santé, il y a nécessité de se plonger dans son histoire au lieu de la fuir (par l’hyperactivité principalement), de remonter à la source des problèmes au lieu de passer sa vie à chercher à les fuir (par « déjouement symbolique »). Nier que les véritables besoins affectifs de l’enfant pendant son développement ont été bafoués… est une grossière erreur. Nous avons tous sans exception vécu un passé qui n’est pas le nôtre mais le leur. Et c’est ce passé perverti qui colle à notre désêtre. Derrière l’aspect technique d’une phobie, il y a une demande de réparation. Traiter techniquement la phobie peut peut-être évacuer une certaine souffrance mais certainement pas la souffrance archaïque. Agir sur le présent peut éventuellement permettre de réduire le souffrance à un niveau acceptable pour le « système » un temps durant… mais certainement pas définitivement. Il suffit d’un événement précis pour que l’empreinte de la souffrance soit réactivée. Amener une personne sur le chemin de la Délivrance est loin d’être une simple formalité. Ceci dit, bonne continuation dans votre pratique et que votre « vision du monde » vous permette de répondre à la demande de vos participants.
 
docteur mandrille

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le maleduqué...c'est toujours un plaisir de te lire et ca le serait encore plus si tu sautait des lignes et faisait des paragraphe... ;p
 
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