Voici quelques directions psychanalytiques relatives à l'humour. C'est extrait copier-coller de mon (vieux) cours de Fac et cela ne vise personne en particulier.
André
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LE RIRE ET SES MOTIVATIONS .
Les théories freudiennes divisent le rire en trois types différents :
1. le comique -"rire devant le clown"
2. l'humour -"le mot d'esprit"
3. le rire "du gibet", l'humour anglais.
1. LE COMIQUE.
C'est le gros rire qui existe quand on regarde un clown.
Dans la vie on est parfois dans une situation d'infériorité. On se trouve souvent dans la situation d'un enfant. par rapport à un parent vrai ou substitutif, et on n'accepte pas tout à fait cette supériorité.
Dans le comique, brusquement le parent en question (ou le substitut parental) joue le rôle de l'enfant: il exprime une maladresse telle que soi-même on se trouve supérieur à l'autre. Il ya délivrance de ce sentiment d'infériorité.
Caractéristiques.
- Si on est vraiment un petit enfant, on ne peut pas s'identifier au rôle de ses parents. L'enfant ne va pas rire des farces du clown. Un clown qui frappe ou est frappé ne fait pas rire l'enfant. Surtout s'il est encore au niveau du stade du miroir, l'enfant va au contraire souffrir et pleurer.
- Si nous sommes tout à fait dégagés du problème d'infériorité et de supériorité, nous n'allons non plus pas rire. Nous allons percevoir le clown comme une personne triste, qui fait un métier difficile : faire rire les foules aux dépens de soi.
- On va rire d'autant plus qu'on n'a pas d'identification à l'autre personne. Si on s'identifie à la personne en question, on ne rit pas, car on ne la considère pas comme un "adulte tombé au stade infantile".
Exemple.
Si en sortant de l'auditoire, quelqu'un tombe et se fait mal, nous n'allons pas rire s'il s'agit d'un ami infirme.
Si au contraire, il s'agit du professeur, nous allons rire. Et d'autant plus que le professeur sera quelqu'un qui jouera à être autoritaire
et parental. S'il s'impose à vous en vous écrasant, le fait de constater qu'il est inférieur, qu'il est maladroit ...C'est l'élément qui soulage et qui fait rire.
2. LE MOT D'ESPRIT
Il faut envisager le mot d'esprit dans une relation entre le ÇA (les tendances instinctuelles) et le SURMOI (la censure, l'interdiction parentale et culturelle).
Il y a une chose.. que l' on voudrait dire mais qu' on n'ose pas dire ou qu' il est interdit de dire. Nous vivons avec un ÇA réprmé à cause des interdictions culturelles. Le mot d'esprit consiste a trouver un jeu de signifiants tel que le ÇA pourra tout de même s'exprimer en contournant la censure.
Remarques.
a.. Pour rire, il faut que le détour de SURMOI ne soit pas trop important.
S'il faut réfléchir durant 5 minutes pour comprendre le mot d'esprit, il ya une telle perte qu'il n'y a plus de joie d'avoir pu contourner
la censure.
b.. Il faut obligatoirement un détour sinon on ne fait que relâcher le ÇA et on affronte brutalement la censure: le mot "vulgaire" pour lequel on ne rit pas, mais, au contraire, on est choqué. Le détour va dépendre de la culture. Dans la mesure où la culture extérieure présente une censure dans tel domaine, les enfants et les adultes vont rire au niveau qui sera déterminé par la culture.
Par exemple, pour des enfants élevés dans un milieu très réprimé: rien que dire "pipi" et toute la classe rit.
c.. Un fou rire fait souvent rire tout le monde parce qu'il exprime une forme de contestation au sérieux de la situation.
3. HUMOUR DE "GIBET".
Humour où l'on se considère soi-même avec une attitude méprisante ou dégagée. Dans la personnalité, il y a le MOI, le ÇA et le SURMOI. Habituellement on se met au niveau du moi et on subit le SURMOI (l'idéal du MOI) comme un être exigeant. On se sent en face de quelqu'un de très important et n'ose pas s'identifier à lui. (Surmoi par identification à la morale parentale).
Comme cet "idéal du MOI" est vu comme quelqu'un de très valable, on se considère comme peu de chose par rapport à lui.
L'humour de gibet consiste à ce que, au moment où le MOI est mis en péril on se place immédiatement au niveau de l'idéal du MOI et on se considère avec dégagement.
Le "Je" parle du lieu du Surmoi et non du Moi .
Remarque.
Humour de "gibet" : parce qu'il est l'humour du condamné à mort qui, juste avant de mourir (moment où son MOI est profondément menacé) parvient à considérer la situation avec dégagement et à maîtriser son propre corps.
Ce n'est pas du tout quelque chose qui fait toujours rire. Dans l'humour de gibet, on ne sait jamais si le mot va faire sourire ou au contraire, va entraîner l'admiration.