Est-ce qu'en hypnose il est possible de faire "vivre" à l'hypnotisé une experience de type "manger consciemment"?
Si on prend l'exemple d'un patient qui souhaite arrêter de manger trop de gras mais qui ne peut pas se passer de manger des tartines au beurre.
En prenant soin de lui demander avant de décrire précisément le moment où il a le plus l'habitude de manger ses tartines, de la piece, sa position etc... Puis par exemple de lui demander quel aliment s'apparente à la couleur du beurre il deteste. Etc...
Est-il possible, en plus d'utiliser la suggestion, de lui faire vivre une experience avec une extrême précision à la facon du "manger consciemment", et d'en profiter pour lui "mettre une disquette" au moment précis où la perception du goût du patient capte le beurre?
Genre:
"Comme d'habitude je m'assoie sur ma chaise, cette fichue chaise est toujours bancale je dois absolument m'en occuper, je me tourne machinalement face a la télévision [...] le beurre fondu de ma tartine FRAPPE mon attention car je n'avais jamais remarqué à quel point la couleur me rappelle cette omelette huileuse, que je deteste, je passe sur cette affreuse ressemblance [...] au moment où mes dents brisent le pain coustillant, je sens mes lèvres se poser délicatement sur le beurre qui me recouvre les lèvres comme si du latex liquide et gras me souille les lèvres, je le sens ensuite s'introduire insidieusement entre mes gencives et mes joues, ma langue tente de se libérer en vain de cette substance huileuse, cette sensation me dégoûte, je me sens souillé, le pain grillé, eclaté en milles morceaux, baignant dans cette huile me procure la sensation de mâcher une tache de petrole gluant de l'Erika échouée sur le sable" etc.....
Jusqu'au lavage de la bouche, ramassage des couverts etc....
Est-ce que le patient aura eu l'impression d'avoir vécu et ressenti réellement cette experience au point de l'intégrer dans ses perceptions gustatives futures?
C'est possible mais:
Je pense toujours en terme de confort et d'écologie pour la personne et je pars du principe que si on enlève un plaisir il faut en ajouter au moins un autre (d'où l'intérêt de chercher la ou les utilités des comportements non désirés pour y répondre autrement, notamment dans les conduites addictives). Puisque tu parles de manger consciemment, une autre manière de faire serait d'apprendre justement à manger en conscience et de savourer pleinement la tartine de beurre ce qui va permettre, à plaisir égal ou supérieur, d'en manger moins. Si c'est un plaisir non nocif autant le conserver, la personne peut apprendre à manger moins gras tout en gardant le plaisir voir en l'augmentant, par contre de ce que j'ai pu voir c'est très lent comme démarche. Il peut s'agir d'une éducation ou d'une rééducation du palais, du goût.
Et sinon pour le dégoût, oui, c'est quelque chose qui se fait fréquemment en arrêt tabac, même si je le fait peu (l'induction du dégoût face au tabac) de manière directe.
Si je comprends bien, tu travailles plutôt le suggestif/positif (indirect) que tu juges plus efficace (du moins que tu préfères) que l'affirmatif/négatif (imposition du dégoût).
J'adhère à cette approche, même si, la preuve par mes réponses, je ne l'applique pas encore à 100%. Ca marche avec mon chat et quelques autres experiences que j ai faites mais que je n ai pas en tête. Et J'imagine qu'il y a peut-être de fortes chances que ca tienne mieux dans le temps. De par son côté plus lisse (doux) la pensée/action directe risque de moins s'irriter et de bloquer sur ce croisement de plaisir mêlant positif/négatif/agréable/désagréable...
Merci.
Je me rends compte en ecrivant, c'est une supposition/question, que lorsque l'on a un problème dont on est conscient, il suffirait de l'enterrer dans l'inconscient de façon positive, lisse, douce, afin que ce problème devienne un atout qui renforce, donne confiance en soi et soit une source de plaisir.
Et, qu'en état de transe, la raison aurait beaucoup plus de pouvoir sur la structuration de l'inconscient?
Et en cas de problème inconscient? Faudrait-il par la déstructuration du cheminement de pensée dans l'inconscient, faire raisonner de nouveau la personne mais avec des cartes en plus pour lui permettre de mieux raisonner?
Si c'est ça que vous faites, je veux apprendre à le faire, ca doit être génial!
Si je comprends bien, tu travailles plutôt le suggestif/positif (indirect) que tu juges plus efficace (du moins que tu préfères) que l'affirmatif/négatif (imposition du dégoût).
Plus efficace, je ne sais pas, plus confortable, sûrement. Mais pareil, je ne l'applique pas à 100%, il y a quelques temps j'ai utilisé une suggestion de répulsion chez un client parce qu'il voulait que ce soit comme pour une connaissance qui avait vu un hypnothérapeute et qui avait été dégoûté de la cigarette (mais il l'avait quand même allumée).
Il a des choses qu'on peut ramener à la conscience.
Ex:
"- Qu'est-ce que vous apporte encore aujourd'hui la cigarette?
- Rien, rien, je sais que ça ne m'apporte rien, je veux arrêter.
- Ok. Je vous donne des exemples: chez certaines personnes ça peut servir pour se sociabiliser: sortir discuter avec des copains ou des collègues, pour d'autres ça permet de s'isoler, ou de sortir faire une pause pendant le boulot, d'autres vont trouver que ça les calme ou que ça les occupe...
- Ah oui... au boulot j'ai besoin de sortir pour fumer.
- Vous avez besoin de sortir ou de (sortir pour) fumer?
- J'en ai besoin de ma pause!
- Super! Alors il faut la garder cette pause! On ne vous retire rien, soit on est neutre, soit on ajoute du bien être. Donc comment allez-vous préserver cette pause tout en étant parfaitement libéré du tabac?
-... "
Et je continue à fouiller jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien.
Je préfère travailler de manière à ce que la personne transforme un problème en une solution, ou de manière à ce qu'elle se rende compte que dans son problème il y a la solution à quelque chose d'autre et qu'elle n'est pas obligée de tout bazader en un bloc, mais transformer légèrement sa solution-problème pour que ce soit une solution ou solution-solution (les effets kiss-cool).
On commence à fumer pour une raison, mais les raisons qui nous poussent à continuer ne sont pas forcément les mêmes.
"Comme d'habitude je m'assoie sur ma chaise, cette fichue chaise est toujours bancale je dois absolument m'en occuper, je me tourne machinalement face a la télévision [...] le beurre fondu de ma tartine FRAPPE mon attention car je n'avais jamais remarqué à quel point la couleur me rappelle cette omelette huileuse, que je deteste, je passe sur cette affreuse ressemblance [...] au moment où mes dents brisent le pain coustillant, je sens mes lèvres se poser délicatement sur le beurre qui me recouvre les lèvres comme si du latex liquide et gras me souille les lèvres, je le sens ensuite s'introduire insidieusement entre mes gencives et mes joues, ma langue tente de se libérer en vain de cette substance huileuse, cette sensation me dégoûte, je me sens souillé, le pain grillé, eclaté en milles morceaux, baignant dans cette huile me procure la sensation de mâcher une tache de petrole gluant de l'Erika échouée sur le sable" etc.....
Jusqu'au lavage de la bouche, ramassage des couverts etc....