Merci PaulElie d'avoir ranimé ce sujet :wink:
Prudence, ce dont je voulais parler à propos des souvenirs anciens, ne se limite pas à la question des faux souvenirs, je pensais aussi à un autre aspect du souvenir ; une illustration sera plus commode.
prenons le cas d'un jeune homme d'une vingtaine d'années.
Sa famille m'explique qqe chose "dont il ne parlera pas" : il s'agit d'attouchements sexuels (et plus encore) subis vers l'âge de onze-douze ans.
L'enfant était confié à un responsable au sein d'un groupe de jeunes (structure très connue et à très bonne réputation, en lien avec une organisation religieuse développée dans le monde entier, très implantée en france depuis à peu près deux mille ans).
A deux reprises au moins, lorsqu'il avait demandé à ses parents à ne pas retourner en camp avec ce groupe, les parents avaient insisté : mais si, c'était très bien, et avec cette personne on faisait des choses très intéressantes, bon encadrement et parcours apprécié par tous...
Bon je crois que je me suis fait comprendre, c'est la maman culpabilisée qui bénéficiait le plus de nos entretiens, plus demandeuse que l'homme en question pouvons-nous imaginer...
Pour en revenir à lui cependant, il faut préciser que jusqu'à 16 ans il n'était pas traumatisé (je le pense aussi).
Mais vers 17 ans - 17a et demi, un scandale aux infos télévisées, les commentaires des journaux des copains des parents à table...
Et là il replonge dans des souvenirs dont il savait que :
- c'était secret ; mais plus par pudeur (intimité) que pour autre chose
- ce n'était pas vécu comme mal (pas de vécu de vioctime), mais juste une gêne à propos du souvenir
- il en restait aussi un souvenir trouble de plaisir ; qui avait plus de mal à se délimiter depuis que l'expérience de 12 à 16 ans apportait des avis extérieurs critiques sur l'homosexualité.
Oui mais avec les nouvelles infos (un apport "culturel" brutal, massif, très tranché) c'est à 17 ans et demi que le traumatisme s'installe plus authentiquement.
Alors là PaulElie, dans l'hypothèse d'une séance consacrée à une régression en âge, comment imaginer une seule seconde que l'on travaille sur un souvenir de ses 12 ans, avec le vécu de ses 12 ans ?
Non pour moi cette séance hypothétique de régression serait en fait un travail métaphorique sur des représentations, car je ne vois pas d'expérience mémorisée qui ne soit un travail sur un regroupement de représentations, avec les affects qui s'y rattachent, il s'agit donc au total d'un code-barres dont les barrettes se sont ajoutées ou modifiées au fil des années.
Pour paraphraser Paul Watzlawick cette fois :
- au lieu de se creuser la tête à se demander comment et pourquoi ça s'est passé à ce moment (pourqoi ou comment le Problème est né)
- je préfère me centrer sur le travail de (re)définition du Problème des Attentes et des Objectifs (de la thérapie),
- puis chercher ce qui participe à perpétuer le problème,
- et chercher comment aider à introduire le changement.
Ce qui en effet parfois passe par une évocation de ce qui reste du Souvenir, si le P fonde sur ce souvenir des croyances fortes quant à son Problème.
(si j'avais écrit : "Ce qui en effet toujours passe par une évocation de...", on aurait pu dire : tiens ceci est une croyance du thérapeute...
Pour l'anecdote je n'ai pas recommandé de thérapie pour cet homme.
Il ne se plaint pas, n'exprime pas de demande.
(pas marié pas d'enfant)