
bhyp
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- Finistère, France
voici un livre très sympa ...
Extraits:
À peine étions-nous installés dans le bureau que je commençai à éternuer, il me fallut me moucher. Je souffrais d'un léger refroidissement. Soc mit de l'eau à chauffer dans la bouilloire et, comme à mon habitude, je débutai par une question.
« Socrate, comment puis-je arrêter mes pensées, mon mental ? »
« Tu dois d'abord comprendre d'où viennent tes pensées, comment elles naissent. Par exemple, en ce moment tu as un rhume ; c'est un symptôme physique, il te dit que ton corps a besoin de se rééquilibrer, de rétablir une relation correcte avec la lumière du soleil, l'air frais et de la nourriture simple. »
« Qu'est-ce que cela a à voir avec mon mental ? »
« Tout. Les pensées désordonnées qui te dérangent et te distraient sont aussi les symptômes d'une mauvaise relation avec ton environnement. Les pensées naissent lorsque l'esprit s'oppose à la vie. S'il se produit un événement contredisant une croyance, l'agitation apparaît. La pensée constitue une réaction inconsciente à la vie. » Une voiture entra dans la station, occupée par un vieux couple en tenue de soirée. Tous deux se tenaient raides comme des bâtons sur leur siège. « Viens avec moi », m'ordonna Soc. Il ôta son coupe-vent et sa chemisette en coton, révélant une poitrine et des épaules nues, aux muscles bien dessinés sous une peau douce et comme translucide.
Il se dirigea du côté du chauffeur et sourit au couple choqué. « Qu'est-ce que je peux faire pour vous, m'sieur-dame ? Un peu d'essence pour enflammer vos esprits? Peut-être de l'huile pour graisser les moments durs de la journée ? Ou que diriez-vous d'une nouvelle batterie pour recharger vos vies ? » Il leur adressa un gros clin d'œil et resta planté là, souriant, tandis que la voiture démarrait brutalement et quittait la station en trombe.
Soc se gratta la tête. « Ils viennent peut-être de se rappeler qu'ils ont laissé un robinet ouvert chez eux. » Alors que nous nous reposions dans le bureau en buvant du thé, Socrate m'expliqua sa leçon. « Tu as vu ces gens résister à ce qui leur apparaissait comme une situation anormale. Conditionnés par leurs valeurs et leurs peurs, ils n'ont pas appris à réagir avec spontanéité. J'aurais pu être le clou de leur journée ! Tu vois, Dan quand tu résistes à ce qui arrive, ton mental s'emballe ; en vérité, tu crées précisément les pensées qui te dérangent. »
« Et ton esprit à toi fonctionne différemment ? »
« Mon esprit est semblable à une mare sans rides. Le tien, en revanche, est agité de vagues, parce que tu te sens séparé d'un événement imprévu et inopportun ou menacé par lui. Ton esprit évoque un étang dans lequel quelqu'un vient de lancer un caillou ! »
Pendant que j'écoutais, le regard perdu dans les profondeurs de ma tasse de thé, je sentis quelque chose me toucher juste derrière les oreilles. Mon attention s'intensifia soudainement ; je regardai de plus en plus profondément dans la tasse, toujours plus profondément...
J'étais sous l'eau, en train de regarder vers le haut. C'était ridicule ! Étais-je tombé dans ma tasse de thé ? J'avais des nageoires et des ouïes ; très bizarre !D'un coup de queue, je plongeai vers le fond, où régnaient le silence et la paix.
Brusquement, une énorme pierre heurta la surface de l'eau. Les ondes de choc me renversèrent. Puis mes nageoires se remirent à fouetter l'eau et je partis à la recherche d'un refuge. Je me cachai jusqu'à l'accalmie. Avec le temps, je finis par m'habituer aux petits cailloux qui tombaient parfois dans l'eau, provoquant quelques rides. En revanche, les grosses masses continuaient à m'effrayer.
Je retrouvai un monde de bruits, un monde sec, j'étais couché sur le canapé, les yeux grands ouverts, levés vers le sourire de Soc.
« C'était incroyable, Socrate ! »
« Je suis content que ce petit bain t'ait plu. Puis-je poursuivre maintenant ? » Il n'attendit pas ma réponse.
« Tu étais un poisson très nerveux, fuyant toutes les grosses vagues. Ensuite tu t'y es accoutumé, mais sans savoir encore leur cause. Tu comprends donc que la conscience du poisson doit accomplir un bond fantastique pour qu'il puisse trouver, à travers l'eau dans laquelle il baigne, l'origine des vagues. »
« Un bond similaire te sera demandé. Lorsque tu percevras clairement l'origine, tu verras que les vagues de ton esprit n'ont aucun rapport avec toi ; tu te contenteras de les observer, sans attachement et sans être contraint à une réaction démesurée chaque fois que tombe un caillou. Tu seras libéré de l'agitation du monde dès que tu auras calmé tes pensées.
« Souviens-toi : dès que tu te sens troublé, abandonne tes pensées pour t'occuper de ton esprit ! »
« Comment, Socrate ? »
« Pas mauvaise cette question ! s'exclama-t-il. Comme te l'a appris ton entraînement physique, les progrès en gymnastique - ou en conscience - n'arrivent pas d'un coup; ils nécessitent du temps et de la pratique. Et la pratique, pour voir l'origine de tes vagues, se nomme méditation. »

Extraits:
À peine étions-nous installés dans le bureau que je commençai à éternuer, il me fallut me moucher. Je souffrais d'un léger refroidissement. Soc mit de l'eau à chauffer dans la bouilloire et, comme à mon habitude, je débutai par une question.
« Socrate, comment puis-je arrêter mes pensées, mon mental ? »
« Tu dois d'abord comprendre d'où viennent tes pensées, comment elles naissent. Par exemple, en ce moment tu as un rhume ; c'est un symptôme physique, il te dit que ton corps a besoin de se rééquilibrer, de rétablir une relation correcte avec la lumière du soleil, l'air frais et de la nourriture simple. »
« Qu'est-ce que cela a à voir avec mon mental ? »
« Tout. Les pensées désordonnées qui te dérangent et te distraient sont aussi les symptômes d'une mauvaise relation avec ton environnement. Les pensées naissent lorsque l'esprit s'oppose à la vie. S'il se produit un événement contredisant une croyance, l'agitation apparaît. La pensée constitue une réaction inconsciente à la vie. » Une voiture entra dans la station, occupée par un vieux couple en tenue de soirée. Tous deux se tenaient raides comme des bâtons sur leur siège. « Viens avec moi », m'ordonna Soc. Il ôta son coupe-vent et sa chemisette en coton, révélant une poitrine et des épaules nues, aux muscles bien dessinés sous une peau douce et comme translucide.
Il se dirigea du côté du chauffeur et sourit au couple choqué. « Qu'est-ce que je peux faire pour vous, m'sieur-dame ? Un peu d'essence pour enflammer vos esprits? Peut-être de l'huile pour graisser les moments durs de la journée ? Ou que diriez-vous d'une nouvelle batterie pour recharger vos vies ? » Il leur adressa un gros clin d'œil et resta planté là, souriant, tandis que la voiture démarrait brutalement et quittait la station en trombe.
Soc se gratta la tête. « Ils viennent peut-être de se rappeler qu'ils ont laissé un robinet ouvert chez eux. » Alors que nous nous reposions dans le bureau en buvant du thé, Socrate m'expliqua sa leçon. « Tu as vu ces gens résister à ce qui leur apparaissait comme une situation anormale. Conditionnés par leurs valeurs et leurs peurs, ils n'ont pas appris à réagir avec spontanéité. J'aurais pu être le clou de leur journée ! Tu vois, Dan quand tu résistes à ce qui arrive, ton mental s'emballe ; en vérité, tu crées précisément les pensées qui te dérangent. »
« Et ton esprit à toi fonctionne différemment ? »
« Mon esprit est semblable à une mare sans rides. Le tien, en revanche, est agité de vagues, parce que tu te sens séparé d'un événement imprévu et inopportun ou menacé par lui. Ton esprit évoque un étang dans lequel quelqu'un vient de lancer un caillou ! »
Pendant que j'écoutais, le regard perdu dans les profondeurs de ma tasse de thé, je sentis quelque chose me toucher juste derrière les oreilles. Mon attention s'intensifia soudainement ; je regardai de plus en plus profondément dans la tasse, toujours plus profondément...
J'étais sous l'eau, en train de regarder vers le haut. C'était ridicule ! Étais-je tombé dans ma tasse de thé ? J'avais des nageoires et des ouïes ; très bizarre !D'un coup de queue, je plongeai vers le fond, où régnaient le silence et la paix.
Brusquement, une énorme pierre heurta la surface de l'eau. Les ondes de choc me renversèrent. Puis mes nageoires se remirent à fouetter l'eau et je partis à la recherche d'un refuge. Je me cachai jusqu'à l'accalmie. Avec le temps, je finis par m'habituer aux petits cailloux qui tombaient parfois dans l'eau, provoquant quelques rides. En revanche, les grosses masses continuaient à m'effrayer.
Je retrouvai un monde de bruits, un monde sec, j'étais couché sur le canapé, les yeux grands ouverts, levés vers le sourire de Soc.
« C'était incroyable, Socrate ! »
« Je suis content que ce petit bain t'ait plu. Puis-je poursuivre maintenant ? » Il n'attendit pas ma réponse.
« Tu étais un poisson très nerveux, fuyant toutes les grosses vagues. Ensuite tu t'y es accoutumé, mais sans savoir encore leur cause. Tu comprends donc que la conscience du poisson doit accomplir un bond fantastique pour qu'il puisse trouver, à travers l'eau dans laquelle il baigne, l'origine des vagues. »
« Un bond similaire te sera demandé. Lorsque tu percevras clairement l'origine, tu verras que les vagues de ton esprit n'ont aucun rapport avec toi ; tu te contenteras de les observer, sans attachement et sans être contraint à une réaction démesurée chaque fois que tombe un caillou. Tu seras libéré de l'agitation du monde dès que tu auras calmé tes pensées.
« Souviens-toi : dès que tu te sens troublé, abandonne tes pensées pour t'occuper de ton esprit ! »
« Comment, Socrate ? »
« Pas mauvaise cette question ! s'exclama-t-il. Comme te l'a appris ton entraînement physique, les progrès en gymnastique - ou en conscience - n'arrivent pas d'un coup; ils nécessitent du temps et de la pratique. Et la pratique, pour voir l'origine de tes vagues, se nomme méditation. »