Féroce et tendre Diane…
Rare sont ceux qui ose la férocité avec autant d’obstination, Diane vivait les dents serrées et le regard plissé, toujours à l’affût… Chaque rencontre engagée était une guerre, elle n’avait qu’un but faire ployer l’autre, tous les autres… Elle aimait le pouvoir, la force, la manipulation inconsciente… Toute son existence était construite autour de l’attaque et dans tous les espaces de sa vie, elle s’affichait agressive, hautaine, écrasante…
Elle ne s’aimait pas, elle s’aimait vraiment peu, mal et détestait les autres, tous les autres ce qui lui permettait d’oublier, qu’elle ne s’aimait pas…. Il n’y avait donc aucune raison pour que cette attitude face à la vie change, aucune…
Avec rapidité et sans attendre, Diane sortait ses armes favorites à chaque nouvelle rencontre, prétention distante, autorité déplacée et silence de mort… Elle arrivait, quelle artiste, à vous mettre dans l’embarras d’une seule réponse… Elle fermait la bouche de tous, soit par le savoir, soit par la méchanceté, toujours gratuite… Et quand l’adversaire était d’une intelligence supérieure à la sienne, elle s’enfonçait dans une habile manipulation faite de silence et de réponse insensée, qui enlevait toute possibilité d’arriver à une entente… Parfois, elle était à son tour blessée, l’excès de bonté d’un autre lui piquait l’âme et rendait le silence qui suivait, plein de pensée terrible et offensante…
Une telle précision, une telle habilité, une telle férocité, une telle persévérance avait quelque chose de noble et de respectable… Imaginons que Jeanne met autant de cœur et de foi dans son goût pour le bonheur des autres, le monde scintillerait juste pour sourire avec cet autant… L’autant de Diane était sombre, il était aussi démesuré et montrait ainsi une grande capacité à être mauvaise ou peut-être bonne…
Sa vie se poursuivait de façon monotone, connaître parfaitement son rôle et le répéter sans aucune erreur, se marie tôt ou tard, avec le manque d’originalité. Malheureusement cela resserrait le nœud sur sa férocité, car l’ennui augmentait son mal être… Elle savourait de cours instant sa méchanceté, puis retombait dans un misérable grognement intérieur, en attendant la prochaine victime… À sa décharge, je crois qu’elle ne savait plus faire autrement…
Un jour, quelqu’un passa sur son chemin avec un grand miroir. Le grand miroir du vrai. Cette personne sentit l’ombre de Diane et dans un geste de protection se cacha derrière le miroir. Diane se trouva bien en face, devant sa propre image… Et cette image reflétait un être dans son ensemble féroce et bon, manipulateur et juste, conscient et inconscient, heureux et malheureux, fort et faible, bon, juste, inconscient, heureux, faible… Cet instant qui fût court car Diane détourna le regard bien vite laissa une trace… Une empreinte légère, il y avait en elle autre chose, de l’inexploitée, du bon qu’elle détestait tant… Elle avait l’espace d’un instant perçu quelque chose dans son ventre, est-ce que c’était chaud ou froid, est-ce que c’était bon ou douloureux, lourd ou léger. C’était une réponse d’une partie d’elle, que Diane ne maîtrisait pas…
Cela ne l’a changea pas, fondamentalement et instantanément. L’amorce d’une transformation est toujours infime. Le germe se tend chaque jour un peu plus vers le soleil et cela inexorablement…
Et si Jeanne était Diane et Diane était Jeanne ???
Très bon dimanche à tout ce qui se mélange en nous… Chaleureusement… Janique